Dans cette nouvelle chronique , la rédaction de Mondafrique vous présente un ensemble de restaurants africains, de France et d’ailleurs, et pas seulement sous l’angle culinaire. Premier de la liste : À la Banane Ivoirienne, une institution parisienne de la gastronomie ouest-africaine depuis 1989.
Eddy Narbal
L’autre soir, je suis allé dîner avec une amie au restaurant À la Banane Ivoirienne, 10 rue de la Forge Royale dans le 11ème arrondissement de Paris. Un Zomamazo (poulet maffé, aloko, attiéké, riz et haricots noirs) et un Tilapia braisé, accompagné de riz et sauce tomate, ont fait notre délice.
La table et la conversation
Mais une bonne recette et l’expertise d’un chef ne suffisent pas à faire un bon repas, encore faut-il ajouter le plaisir de la conversation. Or la force de ce restaurant à taille humaine réside justement dans son ambiance amicale et familiale qui facilite le commerce entre voisins de table, sous les bons auspices de son sympathique patron, Monsieur Kouassi N’guessan. Cette ambiance chaleureuse en fait un endroit unique où les habitués côtoient aisément les nouveaux venus.
Le nuoc mam à Abidjian
En raison de la nationalité de mon amie, une conversation s’engagea avec Monsieur Gabriel Coulibaly, serveur, au sujet de la cuisine vietnamienne et de son intégration dans l’univers gastronomique ivoirien. Nous apprîmes qu’après la défaite des Français à Dien Bien Phu en 1954, une partie des supplétifs vietnamiens de l’armée française en Indochine furent installés en Côte d’Ivoire où ils prospérèrent. Aujourd’hui la Côte d’Ivoire fabrique son propre nuoc man, la célèbre sauce de poisson vietnamienne et Abidjan est probablement la capitale africaine où il y a le plus de restaurants vietnamiens, dont le fameux Tuan où notre amical serveur a travaillé.
Panafricanisme par les réseaux sociaux
Nos voisins de droite, un citoyen ivoirien et une citoyenne togolaise, tous deux jeunes cadres dans la finance, et qui s’étaient joints à la conversation précédente, entamèrent une conversation sur les derniers développements de la politique régionale et notamment des élections présidentielles sénégalaises. Le jeune cadre regrettait que sur les réseaux sociaux les Sénégalais ne s’exprimaient pas assez en français, préférant le wolof dès que cela “chauffait”. Leur faisant remarquer qu’ils parlaient des élections au Sénégal comme s’ils étaient citoyens de ce pays, ils en vinrent à exprimer des convictions panafricaines, donnant une place paradoxale au français, langue d’oppression passée devenue aujourd’hui langue de communication pour des centaines de millions d’Africains.
Allons danser !
La conversation se poursuit avec le patron qui vint gentiment prendre de nos nouvelles. À la Banane Ivoirienne entame sa 35ème année d’existence. Son sous-sol organise certains vendredis soirs des soirées dansantes aux rythmes du zouglou (ambiance facile) et du coupé-décalé. Nous y retournerons danser!