D’agent commerciale et marketing à Jeune Afrique à la fonction clé de secrétaire générale de la présidence où elle vient d’être nommée, Masséré Koné née Touré a gagné tous les paris qu’elle s’est fixés
Bati Abouè
Si elle parle peu et est réputée très discrète, Masséré Koné, née Touré est en revanche une femme ambitieuse qui a su, dans les pas de son oncle Alassane Ouattara, grimper les différentes marches de la présidence ivoirienne où elle vient d’être nommée Secrétaire générale le 27 décembre 2023. Ce jour-là, « la nièce du président », c’est ainsi qu’on la surnomme à Abidjan, a du mal à dissimuler son émotion et finit même par décocher un petit sourire spontané au moment de lire le contenu de ses nouvelles fonctions. Cette brève cérémonie a lieu dans la salle d’information de la présidence ivoirienne. C’est ici que la nouvelle secrétaire générale de la présidence a égrené les noms des autres personnalités nommées soit à la tête des cabinets du président et vice-président de la République soit au gouvernement ou au District autonome d’Abidjan.
La démission spectaculaire d’Abdourahamane Cissé, le 6 décembre dernier, avait fait courir des rumeurs au sujet des rapports orageux que le crack de Goldman Sachs entretenait avec la nièce du président dont les pouvoirs étaient finalement importants que les siens. D’ailleurs, cette nomination donne quelque peu raison à cette rumeur, puisqu’Alassane Ouattara a mis trois semaines avant de combler le vide laissé par ce départ et s’est surtout gardé de renouveler le profil de technocrate qui était celui d’Abdourahamane Cissé. D’ailleurs en dépit de cette nomination, Masséré Koné continue toujours d’avoir la haute main sur la direction de la communication présidentielle. Elle avait d’ailleurs accédé à ce poste dans des circonstances un peu similaires après que le président ivoirien eût arbitré en sa faveur ses démêlées avec Amadou Coulibaly dit Am’s, qui avait dirigé la communication d’Alassane Ouattara durant son long parcours d’opposant.
Très peu de personnes, y compris dans l’entourage du chef de l’Etat, connaissait en effet Masséré Touré qui avait travaillé dès l’année 1999 comme agent commerciale au magazine Jeune Afrique où Alassane Ouattara est encore actionnaire aujourd’hui, après des études de marketing et de gestion commerciale des produits à l’Université de Clermont-Ferrand en France. Mais en 2006, Masséré Touré rentre à Abidjan et, à la faveur de l’élection d’Alassane Ouattara à la présidence de la République, elle est nommée directrice adjointe de la communication du président de la République en avril 2011. Elle seconde alors Amadou Coulibaly, le neveu d’Amadou Coulibaly, premier des anciens premiers ministres de Ouattara.
Mais les deux hommes se déchirent et à l’occasion d’un reportage raté par la RTI qui n’envoie pas de journaliste à l’aéroport pour l’accueil du président, le directeur général de la RTI est renvoyé de son poste et Am’s nommé à la direction des renseignements ivoiriens. Masséré Touré arrivera également à ses fins lorsque sa relation extra-conjugale avec le ministre Bruno Koné, à l’époque ministre des NTIC, ne peut plus être cachée. Et quoique cela ne plaît guère à l’oncle président qui y voit un moyen de forcer sa protection, Bruno Koné divorce et convole en justes noces avec la nièce du président en dépit des railleries de ses détracteurs qui l’accusent d’avoir fait un mariage opportuniste. Non seulement l’époux de la nièce du président n’a plus jamais quitté le gouvernement où il a même été promu à la construction où il se maintient malgré divers scandales, cette dame de 49 ans a réussi à broyer tous ses adversaires internes. Omniprésence, elle cumule sa fonction de secrétaire générale de la présidence et de directrice de la communication présidentielle avec sa présence dans une dizaine de conseils d’administration d’entreprises publiques.