L’ancien chef de la rébellion ivoirienne a été reçu, le mardi 21 novembre, à Ouagadougou par le capitaine Ibrahim Traoré. Cela faisait déjà huit jours que Guillaume Soro a rencontré le chef de l’état nigérien Abdourahamane Tiani, portant ainsi à deux les pays « hostiles » à Alassane Ouattara qu’il a visités depuis l’annonce de la fin de son exil.
C’est une nouvelle visite en « terre ennemie » qui ne va pas aider à faire retomber la tension entre Guillaume Soro et Alassane Ouattara. Huit jours après avoir rencontré le général Tiani, le dernier chef de la transition militaire avec qui le président ivoirien entretient des relations compliquées suite au renversement de Mohamed Bazoum, l’ancien chef des rebelles de Bouaké a été reçu à déjeuner, mardi dernier, à Ouagadougou, par le chef de l’Etat burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré.
Guillaume Soro avait décidé de mettre fin à son exil le 12 novembre en Turquie pour ne plus « vivre loin » de sa terre ancestrale et natale d’Afrique, mais aussi pour s’impliquer dans le processus de réconciliation dans son pays. Depuis, il a rencontré le général Abdourahamane Tiani, le président de la transition nigérienne, puis le capitaine Ibrahim Traoré, le nouvel homme fort du Burkina Faso, se montrant à chaque fois satisfait de l’accueil de ses hôtes militaires.
Mais la répétition de ces visites, avec le Mali en perspective, dans le « triangle des Bermudes sahélien », ne va pas arranger les affaires de l’ancien chef rebelle qui espérait peut-être qu’Abidjan baisse la garde à son égard. Le 16 novembre dernier, l’ancien chef d’Etat-major particulier d’Alassane Ouattara et désormais son ministre de l’intérieur, Diomandé Vagondo, avait d’ailleurs réagi laconiquement à la déclaration de Soro, estimant que personne ne l’empêche de rentrer à Abidjan.
Guillaume Soro n’est plus revenu en Côte d’Ivoire depuis cinq ans puisqu’il est visé par un mandat d’arrêt international émis par Abidjan pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Pour tenter de l’extrader, les autorités ivoiriennes ont fait pression sur les différents pays où Soro s’est exilé. Las et très affaibli, l’ancien premier ministre ivoirien a lu une brève allocution de fin d’exil diffusée sur sa chaîne youtube.
La visite de Guillaume Soro ne semble pourtant pas plaire à tout le monde au Burkina Faso. Sur internet, de nombreux burkinabé ont montré leur hostilité en rappelant son implication dans la tentative de coup d’Etat de 2015 qui visait à mettre au pouvoir un proche de Blaise Compaoré, chassé par une insurrection populaire. Dans un élément audio qui avait fuité à cette époque, une voix qui semblait être celle de Guillaume Soro encourageait en effet le général Diendéré à coordonner diverses attaques sur le territoire burkinabé pour mettre fin à la transition militaire installée pour combler le vide laissé par Compaoré.
Pendant qu’Abidjan continue de regarder d’un coin de l’œil ces visites de Soro près de ses frontières, Alassane Ouattara s’est entretenu, ce mardi, à l’Elysée, avec Emmanuel Macron. Selon la présidence ivoirienne, les deux chefs d’Etat ont promis de renforcer leur coopération et d’accroître les échanges commerciaux entre les deux pays. Les deux dirigeants ont dû parler des derniers développements de l’actualité de la sous-région : la reprise de Kidal par l’armée malienne, l’avenir de Mohamed Bazoum toujours incarcéré à Niamey, et la présence de Guillaume Soro dans des pays hostiles à Alassane Ouattara.