La torture continue comme jamais dans la Tunisie post Ben Ali

En Septembre 2015, le nombre d’exactions dans des postes de police tunisiens est le plus élevé depuis le départ de Ben Ali, comme le montre le traitement subi par la famille de Fadi Farah

Tout a commencé le 17 décembre 2015 quand Fadi Farah a accompagné sa mère au poste de police de Bouhssina à Sousse pour porter plainte contre un individu qui est venu les agresser chez eux en prenant de force les clés de la voiture de Fadi. Mais au poste de police, les agents de service ont sciemment omis de mentionner les détails les plus importants de la déposition de madmae Farah. Les agents lui ont intimé de renoncer à porter plainte. Devant cette situation de blocage, la mère de Fadi est allée voir le Procureur de la république qui l’a lui même réorientée vers le poste e police.

C’est alors que les évènements ont pris une tournure dramatique. Les agents ont continué à refuser de prendre acte des dires de la mère. Pire que cela, ils sont passés à l’agression caractérisée, en l’insultant et  en la poussant violemment.

Fadi s’indignant face à ce traitement, les policiers n’ont rien trouvé de mieux que de le rouer de coups et de lui passer les menottes. Devant cette situation, la mère a appelé au secours la femme de Fadi qui est elle-même lieutenant de police. La mère a dit qu’elle espérait que l’arrivée de sa belle-fille calmerait les choses. Elle ne s’attendait nullement à ce que celle-ci allait être elle aussi agressée et notamment de son mari incapable de réagir car menotté. Elle a reçu toutes sortes de coups et s’est fait arracher ses vêtements.

Fadi n’a pu consulter un médecin que tard dans la nuit alors qu’il était clair qu’il avait un bras cassé. Les certificats médicaux accordés à la mère et à la belle fille attestaient de bleus et d’écorchures sur diverses parties de leurs corps. Il paraitrait même que dans la confusion les lunettes de soleil de la mère et la casquette de la belle fille ont été « perdus ».

Averti, le juge d’instruction a ordonné l’arrestation des agresseurs et l’ouverture d’une enquête. La justice a semblé prendre normalement son cours jusqu’au moment où les agresseurs ont été carrément relâchés. Entre temps les syndicats de police ont fait pression sur l’instruction. En effet, le jour de l’audition, près d’une centaine de policiers a investi le siège du tribunal et une fois les agresseurs relâchés, un cortège de voitures de police n’a pas manqué de parader dans la ville .

Ue catégorie de citoyens serait-elle au dessus de la loi? L’impunité de certains serait-elle totale? Une certitude, le système judicaire demeure vraiment fragile et incapable de fonctionner librement et justement.

A part l’organisation tunisienne contre la torture d’autres organisations et personnalités actives en matière de défense des droits humains s’accordent toutes à constater que les exactions policières et les faits de torture avérées ou déclarées n’ont jamais cessés. Et que au contraire ils ont récemment connu une recrudescence inquiétante.

La famille Farah tient toujours bon pour recouvrer ses droits et pour que justice soit faite. Mais cela n’est surement pas le cas de nombreuses autres victimes, personnes ou familles, qui n’ont ni le courage ni les moyens de contrer l’injustice policière en la dénonçant et en portant plainte.